mercredi 27 avril 2011

Bravo! Aux jeunes qui parlent et dénoncent.

Par Sarah-Maude Lefebvre | Journal de Montréal

Alors que la problématique de l'intimidation à l'école défraie la manchette, l'organisme Jeunesse, J'écoute est inondé d'appels de jeunes en détresse. C'est du jamais vu pour l'organisme, qui vient en aide aux adolescents depuis plus de vingt ans.
«C'est désolant dans la mesure où cela démontre à quel point le phénomène de l'intimidation est important au Québec. Mais en même temps, au moins nos jeunes parlent», souligne le directeur des services cliniques, de Jeunesse, J'écoute, Alain Johnson.
Selon ce dernier, l'augmentation des appels et des courriels reçus à son organisme est une conséquence directe de la couverture médiatique accordée à l'intimidation depuis quelques semaines.
«Le fait d'en parler beaucoup donne le courage aux jeunes de prendre la parole et d'aller chercher de l'aide», croit-il.
Une situation exceptionnelle
Jeunesse, J'écoute n'a pas encore compilé les derniers chiffres de fréquentation de ses services. Mais, chose certaine, la situation ne relève pas de l'ordinaire.
«Ça fait cinq ans que je travaille ici et je n'ai jamais vu un flot aussi élevé d'appels sur un même sujet», confie M. Johnson.
Habituellement, les appels et les courriels reliés à l'intimidation représentent 10 % du volume total des demandes, soit environ 43 000 contacts par année.
Des témoignages déchirants
Les adolescents sont également nombreux à écrire au comédien Jasmin Roy, depuis le lancement en décembre dernier de sa fondation qui a pour mission de lutter contre l'intimidation en milieu scolaire. Rencontré par le Journal, le comédien et animateur s'est dit «bouleversé» par la teneur des témoignages qu'il reçoit (voir encadré). «Je lis tous les jours de véritables appels à l'aide qui me font constater l'urgence qui existe sur le terrain, confie-t-il. Encore ce matin, une fille m'a écrit pour me demander conseil au sujet de son amie qui a attenté à sa vie, après avoir été harcelée par des camarades de classe.»
En quatre mois, Jasmin Roy aurait reçu «plusieurs milliers» de témoignages de la part d'adolescents désespérés.
«Je ne suis pas outillé pour aider tous ces jeunes. C'est au gouvernement de réagir. Actuellement, son inertie fait des victimes chaque jour dans les écoles», déplore-t-il.
Ce dernier a rencontré la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, à quelques reprises pour la convaincre d'adopter un plan de lutte à l'homophobie dans les écoles qui comprendrait, entre autres, la mise en place d'une personne-ressource dédiée à l'intimidation dans chaque établissement scolaire.
L'urgence
De son côté, Alain Johnson rappelle à quel point il est important de «faire parler ses ados».
«Les jeunes gardent ce qu'ils vivent long-temps en dedans avant de s'exprimer. Ils communiquent avec nous trop tard, lorsqu'ils sont totalement démunis, en urgence. »

Des histoires bouleversantes
Le comédien Jasmin Roy reçoit chaque jour des témoignages bouleversants de jeunes victimes d'intimidation, de leurs parents ou de leurs enseignants. En voici quelques extraits.
Pensées suicidaires
«Au secours. Je connais une petite fille de huit ans qui pense au suicide à cause de l'intimidation. On ne sait plus quoi faire... Comment peut-on en arriver là ?»
Une victime facile
«Mon fils est encore au primaire. J'avoue que le secondaire me fait peur, car il est une victime facile pour les agresseurs : seul, manque d'estime de soi, fragile et surtout différent.»
«Je suis certaine que mon fils ne finira pas son secondaire. Il a vraiment hâte que le temps passe et que son cauchemar soit fini.»
Avec une barre de fer
«Ma fille est victime d'intimidation depuis l'enfance. Avant les Fêtes, j'ai été obligée de la faire suivre par des policiers sur le trajet entre la maison et l'école, car des jeunes voulaient la frapper avec une barre de fer.»

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